- CALLAS (M.)
- CALLAS (M.)CALLAS MARIA (1923-1977)Peu de cantatrices ont autant marqué l’art lyrique que Maria Anna Cecilia Sofia Kalogeropoulos, rebaptisée par la gloire Maria Callas. Née à New York de parents grecs, elle poursuit ses études musicales à Athènes sous l’exigeante férule d’Elvira de Hidalgo, l’une des plus célèbres soprani leggeri de son époque. Elle débute à quinze ans dans le rôle de Santuzza de Cavaleria rusticana et se voit confier un grand nombre de premiers rôles (notamment dans La Tosca et Fidelio ) à l’Opéra d’Athènes. Dès l’immédiat après-guerre se dessine une brillante carrière internationale grâce à la recommandation du ténor Giovanni Zenatello et à l’enthousiaste soutien du chef Tullio Serafin, qui dirige sa première apparition aux arènes de Vérone dans La Gioconda de Ponchielli. Le reste n’est qu’une suite de triomphes dans les répertoires les plus divers, de Gluck à Wagner, en passant par tous les grands auteurs connus et méconnus du XIXe siècle. Cette carrière atteint son point culminant dans la production, en 1955, à la Scala de Milan d’une Traviata dirigée par Giulini et mise en scène par Visconti. Hélas, les fatigues d’une vie publique intense, les efforts violents demandés à un organe qui s’aventure dans les répertoires les plus divers ainsi que les suites d’une spectaculaire cure d’amaigrissement altèrent peu à peu une voix dont les possibilités étaient à l’origine exceptionnelles. En 1958, Maria Callas interrompt après le premier acte une représentation de La Norma à Rome. C’est avec cette même Norma que le naufrage s’accomplit en juin 1965 à l’Opéra de Paris. La cantatrice ne devait plus remonter sur scène.C’est une tradition lyrique en pleine dégénérescence que Maria Callas vient bouleverser. Les excès de l’école vériste, dominante à l’époque, avaient gravement mutilé le répertoire en rejetant dans les ténèbres extérieures la quasi-totalité de l’œuvre de Verdi, celle de Donizetti, Bellini, Rossini, ainsi que l’ensemble des opéras du XVIIIe siècle. L’art difficile du bel canto était retombé dans l’oubli, laissant le champ libre aux accents surajoutés les moins admissibles. Avec Maria Callas triomphent à nouveau la nécessaire maîtrise de la ligne musicale expressive, une déclamation dramatique d’une simplicité très moderne ainsi que les beautés d’un très vaste et nouveau répertoire. Ses moyens vocaux ont atteint leur plénitude quelques années avant la révélation totale d’un tempérament dramatique sans égal. Utilisant une silhouette attractive, un timbre aux harmoniques étranges, des colorations peu usitées et, parfois, jusqu’aux défaillances mêmes de sa voix, Maria Callas redonne à l’opéra une crédibilité théâtrale perdue depuis longtemps. On ne chante plus, après Maria Callas, comme on le faisait avant elle. Le renouveau de l’art lyrique doit beaucoup à cette cantatrice d’exception.
Encyclopédie Universelle. 2012.